Pour ce nouveau portrait de Talent de Vaise, je suis très heureuse de donner la parole à Clément, un jeune poète qui vit dans le quartier depuis 2006. Il nous raconte sa rencontre avec la poésie contemporaine et ce qui l’anime dans cet art.
Clément, peux-tu nous en dire plus sur tes recueils de poésie ?
Avant de publier des recueils, j’ai commencé comme la plupart à publier dans des revues de poésie. Les revues permettent aux nouveaux auteurs de faire découvrir leur écriture. J’ai eu mes premières pages dans la revue Verso d’Alain Wexler. C’est une revue née à côté de Lyon en 1977, c’est l’une des plus anciennes. J’ai eu des textes dans d’autres revues ensuite : Traction-Brabant, Lichen, Poétisthme, Décharge, Terre à ciel, Mot à maux… J’ai participé également à plusieurs recueils collectifs.
En 2018, j’ai publié mon premier recueil de poésie aux éditions Gros Textes, Demain incertain. Il s’agit de textes inspirés par l’histoire de l’archipel St Kilda au nord de l’Ecosse. Une communauté humaine a vécu là-bas en quasi autarcie pendant des siècles, jusqu’à demander son évacuation vers le continent en 1930. Or quelques années auparavant, cela aurait été impensable. Dans ce recueil, j’interroge la fragilité de ce que nous pensons éternel.
En 2022, j’ai publié mon second recueil aux éditions L’Ail des ours, Non-lieu. Il s’agit d’une parenthèse d’espace et de temps dans laquelle les réalités se mêlent, se suspendent, se superposent. Au cours d’un étrange voyage croisé, des personnages se retrouvent ensemble dans le compartiment d’un train qui se met en mouvement. De l’autre côté de la fenêtre, le monde défile, s’efface, se brouille alors qu’un funambule marche sur le rail. Le train traverse des tunnels, sillonne des villes et leurs périphéries, s’égare dans les plaines. Au cœur d’un immeuble perforé par la voie ferrée, une femme vit au rythme du passage des trains. Retirée du monde, elle trouve refuge dans la salle de bain, jusqu’au jour où elle osera sortir sur le palier. Dans ce recueil j’interroge la solitude, la notion de limite, la ville.
Pour ce recueil, j’ai travaillé avec Juliette Choné, une artiste plasticienne et Michel Fiévet, mon éditeur. Juliette a réalisé la couverture et les illustrations à l’intérieur du livre pour renforcer l’ambiance crée par le texte.
“C’est à partir de là que j’ai découvert la richesse et le foisonnement de la poésie contemporaine et que j’ai cherché mon propre chemin d’écriture.”
Depuis quand écris-tu ?
J’écris depuis l’adolescence. Au lycée, nous avions étudié Une saison en enfer de Rimbaud. L’écriture très différente de ce que je lisais jusqu’alors m’a interpellé. J’ai commencé à écrire à ce moment-là en imitant ce que je lisais. J’ai ensuite découvert les chanteurs à texte : Gainsbourg, Brassens, Ferré, Brel. J’ai continué d’écrire, toujours de la même façon, en m’inspirant de ce que j’écoutais. Et puis pendant quelques années je n’ai plus écrit ou très peu.
Un jour, à la bibliothèque municipale de La Part-Dieu, je suis tombé sur le journal du Printemps des poètes. Sur la première page, un visage d’homme au regard presque sauvage me dévisageait. À côté, deux mots, écrits en rouge : « L’insurrection poétique ». J’ai ouvert le journal et jeté un œil au programme. Il y avait un événement dans un bar où j’avais l’habitude d’aller. J’y suis allé. Je ne me souviens plus du nom du poète qui a lu là-bas mais c’est à ce moment précis que j’ai rencontré la poésie contemporaine. C’était très différent de tout ce que j’avais lu, entendu jusqu’alors. J’ai ensuite assisté à une lecture organisée par le Syndicat des Poètes qui vont mourir un jour, collectif implanté à Lyon. Souvent, on a dans la tête que les poètes sont des hommes des siècles passés. Là, j’ai rencontré une scène bien vivante et j’ai fait connaissance avec Samantha Barendson une poètesse installée à la Croix-Rousse. C’est à partir de là que j’ai découvert la richesse et le foisonnement de la poésie contemporaine et que j’ai cherché mon propre chemin d’écriture.
Vis-tu depuis longtemps à Lyon 9 ?
Je vis dans le 9e depuis 2006. J’ai d’abord habité vers la piscine rue Sidoine Apollinaire puis j’ai fait une infidélité au quartier avant de revenir en 2016 à Vaise. C’est un quartier dynamique dont j’ai pu observer les transformations et qui présente trois avantages importants pour moi : le nombre des commerces de proximité ayant une éthique intéressante, la présence de la Saône et la possibilité de sortir rapidement de la ville.
Où peux-t-on trouver tes ouvrages ?
Mes livres peuvent se trouver sur internet : sur le site de l’éditeur Gros Textes pour Demain incertain, sur celui de L’Ail des ours pour Non-lieu. Il se trouve aussi sur les sites de commerce en ligne. Non-lieu, mon dernier recueil est disponible dans la très belle librairie Les Mangeurs d’étoiles, à côté de la place de Paris. Il est également possible de me contacter directement pour en avoir un signé !
Quels sont tes prochains temps forts ?
Dans les prochains mois, je vais proposer plusieurs lectures / performances poétiques. Le calendrier n’est pas encore exactement défini mais il devrait y avoir un bivouac poétique organisé par le collectif La cause des causeuses. Et puis je vais travailler avec un ou une artiste en vue de la sortie de mon troisième recueil de poésie qui sera publié en 2023 aux éditions du Chat Polaire.
Le mot de la fin.
Lisez de la poésie contemporaine. C’est un espace de foisonnement culturel qui échappe encore au divertissement de masse et qui reste à la marge. Sortez, allez écouter les poètes, vous risquez d’être surpris et de ne plus pouvoir vous en passer. Ne passez pas à côté d’une belle rencontre !
Merci à Clément d’avoir répondu à mes questions. C’est toujours très enrichissant pour moi de mettre en avant les talents du quartier !
Car ce qui fait la richesse de Lyon 9, c’est VOUS !
Vous souhaitez présenter votre activité artistique à vos voisins de Lyon 9 ? N’hésitez pas à me contacter (Mélissa) à l’adresse suivante : thevaisetobe@gmail.com