On surveillait les travaux de rénovation et son ouverture imminente avec curiosité.
A la place de l’ancien pressing, 29 rue de la Claire, une nouvelle librairie allait venir se nicher, à 2 pas de la place de Paris, pour le plus grand plaisir des habitants et habitantes du quartier de Vaise ! Et puis le confinement. Fermée avant même d’avoir pu ouvrir ! Alors on prend notre mal en patience et on prépare tranquillement nos listes de bouquins post-confinement !
Aujourd’hui, on accueille la plume de Lionel, le futur libraire du quartier qui nous présente ses Mangeurs d’étoiles.
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Reprendre ou créer une librairie, est un projet testé, crashé, mûri depuis quatre ans, date à laquelle nous sommes arrivés à Lyon avec ma compagne. Venant des métiers du livre et ayant déjà travaillé comme libraire, je savais l’importance de l’emplacement et tenais absolument à être dans un endroit qui me plaise, aux horizons mêlés, avec le sentiment de servir à quelque chose. D’apporter un plus à l’existant.
J’ai donc sillonné les arrondissements. Discuté avec des confrères déjà en poste dans Lyon, Villeurbanne, ailleurs encore dans une agglomération particulièrement riche et dense en professionnels de qualité.
Alors pourquoi Vaise ?
J’y passais, réparer mon vélo, prendre le métro, me balader, trottinant là où me portaient mes guibolles et mes genoux… Les quais, les rues… Le quartier au fur et à mesure s’est imposé au-delà de ce que j’entendais sur lui quand je tâtais ensuite le terrain dans les conversations avec des gens de souche. Pas mal de réserves du bout des lèvres disant que c’était un endroit « de garages et kebabs » telle une chimère qui devait « démarrer un jour ». Au mieux une licorne, au pire un « quartier de pauvres » pour ne pas dire autre chose et où faire lire serait un défi. Où rien ne vivait hors Valmy. À m’imaginer en nouveau cow-boy à l’assaut de terres sauvages sillonnées d’indiens anthropophages aux visages peints avec du sang montés sur des tigres à dents de sabre et se battant pour des friches post-apocalyptiques contre des zombies équipés de scooters roulant au lait de soja.
Vaise quoi.
Mais, je ne voyais pas ça.
J’entendais au contraire et voyais, qu’on y était vraiment bien. Que le « Ça pourrait être là » devenait au fur et à mesure, « Ça doit être là ! ». The Vaise To Be !
Pourquoi ? Le frisson du risque ? Voir un puma rue de Saint-Cyr ?
La population en fait. Les gens. L’ambiance. La place de Paris. Les commerces. Les écoles. Les familles. Le brassage. Les restos. L’accueil lors des discussions informelles dans la rue. J’ai posé des questions. Poussé des portes. Sillonné. À pied. En courant. À vélo. En mobylette. En voiture. La nuit. Le jour. En quidam survêt ou costar Ray Ban. Mal rasé ou sentant bon la crème. Bu des coups aux comptoirs.
J’aimais.
Passons sur les études de marché pour se rassurer puis convaincre, les dossiers, la quête du local, les difficultés, les doutes… Un ami du métier m’a dit : « Fonce ! » Et comme c’est un bon alors… J’ai plongé. Merci Sylvain !
Pour un projet de librairie généraliste ouverte aux habitants et à tous ceux qui voudront bien venir. Avec une prédilection pour la littérature adulte et jeunesse, la BD indépendante, les sciences humaines, l’histoire et les problématiques contemporaines. Pas de papeterie, je ne sais pas faire. Quatre-vingts m2 de livres dans l’ancien pressing au 29 rue de la Claire, à deux pas du marché, juste à côté des Vins de Vaise où se trouve d’excellentes bouteilles de vin blanc pour l’apéro.
Sept à huit mille références pour commencer. Après, j’adapterai l’offre, compléterai en fonction des retours, des envies, des échanges.
Ainsi déboule Les mangeurs d’étoiles
Ainsi déboule Les mangeurs d’étoiles prêt à se faire croquer par des sauvages affamés d’histoires, de découvertes, vêtus de peaux de bêtes et pratiquant le troc.
Mon père ce héros au regard si doux, à la bosse du commerce aussi pertinente que son sens de la formule, me conseillait alors d’appeler le magasin « Au bon virus ! ». Un visionnaire. D’autres proches tout aussi talentueux et me voulant eux aussi gloire et succès préféraient « Le cui-cui des livres » « ou « Vaise-moi ».
Merci les amis !
Heureusement, j’ai une fiancée qui tient la route.
Hâte donc que le confinement cesse pour ouvrir en grand ! Venez ! Il y aura de la place pour poser vos lance-flammes, gourdins et carquois à l’entrée. Et aussi pour les poussettes et les carioles. Venez surtout si vous ne savez pas ce que vous voulez. Cela risque de m’arriver plus d’un matin sur deux.
La situation sanitaire — ce n’est rien de le dire — ne facilitera pas les débuts puisque cela devait se faire en avril et que je me suis retrouvé « fermé avant d’ouvrir ».
Et alors ? Qui a dit que nous allions arrêter de rêver d’un monde meilleur et de convivialité simplement parce que notre fragilité nous fait mettre deux genoux à terre ? Les autres commerçants de la rue comme de la place de Paris ont par ailleurs été tellement sympathiques et bienveillants que cela rassure. L’impression d’arriver au bon endroit en espérant apporter à mon tour un peu de cette ambiance quartier si précieuse. Convivialité qui ne tiendra que par le maintien et la diversification des commerces de proximité. Vaste programme !
En attendant, vous pouvez me contacter via la page Facebook Les mangeurs d’étoiles. Parler bouquins. Préciser ce que vous aimeriez. Me demander des listes en fonction de ce que vous envisageriez pour le prochain confinement. Douze westerns fantastiques. Deux polars dans Lyon. Un pavé slovène impossible à lâcher. Des romans de géopolitique, nature et chamanisme en Tasmanie. Une sélection argentine. Une nouvelle japonaise sur la natation. Une fiction sur l’Iran. Des livres de Terre Vivante aux incroyables recettes de cuisine de Marie Chioca. Un imparable SF pour un ado fan de l’OM. Un album jeunesse. Des contes. Une BD coréenne. Un ouvrage sur le dahut. Une bio de Niki de Saint-Phalle…
Allez-y ! J’essaierai. Je chercherai avec et pour vous. Je dois fignoler mes commandes d’implantation et me dérouiller les compétences ! C’est le moment. Et j’adore ne pas savoir.
À très vite donc ! Et merci à The Vaise To Be !
Lionel Besnier
2 commentaires
Je n’habite pas Lyon mais lire ces mots me donne envie de débarquer dans cette librairie ;). Plein de bonnes ondes pour l’ouverture !
J’avais connaissance de ce très beau projet depuis qq mois. Une librairie nouvelle est toujours, vraiment toujours, une excellente
nouvelle. Mais avec Lionel Besnier aux manettes … les lecteurs lyonnais ont une chance énorme et sauront vite je crois en être conscients
et porter toute leur attention à ce lieu qui ne peut être que Top Top. François Boulay.